Agir pour les glaciers : science, territoires et engagements citoyens face au retrait glaciaire

Un festival né de la rencontre entre science, art et société 

Le festival « Agir pour les glaciers », organisé dans le cadre du projet ERABLE et du projet Ice & Life, s’est tenu pour la première fois à Bourg-Saint-Maurice du 20 au 22 mars 2025. Né d’une dynamique de recherche-action portée par des scientifiques de l’USMB et soutenu par la Fondation USMB, ce festival proposait un espace inédit d’échange entre chercheurs, citoyens, artistes, élus et acteurs de terrain autour des enjeux liés à la fonte des glaciers. 

Pendant trois jours, tables rondes, ateliers, projections, spectacles et performances artistiques ont permis d’articuler la rigueur scientifique et la sensibilité esthétique, en vue d’une mobilisation collective autour des transitions écologiques en montagne. L’objectif : sensibiliser, émerveiller, mais aussi agir ensemble, au niveau local comme global. 

La Fondation USMB, actrice engagée pour les territoires alpins 

La Fondation de l’Université Savoie Mont Blanc a soutenu cet événement, en cohérence directe avec les thématiques portées par plusieurs de ses chaires partenariales : 

• La chaire MIRE (Montagne, Infrastructures, Risques et Environnement) qui vise à construire une trajectoire acceptable pour un écosystème montagne durable et responsable, 

• La chaire VALCOM (Valoriser les Communs Fonciers), dédiée à la co-construction des politiques publiques et de l’avenir territorial avec les communs fonciers, 

• Et la chaire Tourisme Durable, qui œuvre à imaginer collectivement de nouveaux modèles économiques adaptés aux enjeux du tourisme en montagne. 

Cette articulation entre sciences, territoire et société s’est incarnée concrètement à travers la participation active de plusieurs chercheurs et chercheuses issus de ces chaires : 

• Jean-Christophe Clément, enseignant-chercheur au CARRTEL impliqué dans la chaire MIRE, 

• Florent Arthaud, également chercheur au CARRTEL et membre de MIRE, 

• et Julia Ambrosio, doctorante au CERDAF au sein de la chaire VALCOM, intervenue sur les communs fonciers comme levier de gouvernance écologique. 

L’événement illustre pleinement la vocation de la Fondation USMB : soutenir des projets scientifiques ancrés dans les territoires, en lien direct avec les transformations sociales et environnementales. 

Face au retrait glaciaire, comprendre pour mieux agir 

La journée du vendredi, consacrée à la recherche-action, a permis de dresser un état des lieux sans appel : les glaciers fondent à un rythme croissant, conséquence directe du changement climatique. Pourtant, comme l’a rappelé Jean-Baptiste Bosson, glaciologue et directeur de l’association marge sauvage à l’origine du festival, 

« Il n’est pas trop tard pour sauver une partie des glaciers : si l’on respecte les accords de Paris, on peut encore sauver un tiers des glaciers menacés. » 

Les chercheurs ont également insisté sur le rôle écologique crucial des glaciers : au-delà de leur beauté, ils participent au régime hydrologique, au refroidissement local, et à de nombreuses chaînes trophiques. Leur disparition bouleverserait profondément les équilibres vivants. 

Des engagements concrets et des décisions locales fortes 

Le festival n’a pas seulement permis de partager des constats : il a aussi été un espace de prise de décision et d’engagements concrets : 

• Le gestionnaire des Arcs (ADS Domaine de Montagne) a annoncé le démantèlement d’infrastructures de ski autour du glacier du Varet. 

• L’équipementier Millet a lancé un fonds de dotation pour les glaciers, destiné à soutenir des projets associatifs de préservation. 

• Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a réaffirmé l’objectif de classer 100 % des glaciers français en “zones de protection forte” (ZPF) d’ici 2100. 

• Le maire de Bourg-Saint-Maurice, Guillaume Desrues, a quant à lui annoncé la création d’une convention territoriale pour les glaciers, inspirée du modèle de la Convention citoyenne pour le climat. 

Vers une gouvernance des glaciers par les communs 

Parmi les pistes explorées pour renforcer la protection durable des glaciers, la question des communs fonciers a été débattue. Julia Ambrosio, doctorante au sein de la chaire VALCOM, a expliqué comment ces formes de gestion collective des ressources – présentes historiquement dans les territoires alpins – pourraient inspirer une nouvelle gouvernance pour les glaciers, en impliquant directement les habitant·es. 

Marine Yzquierdo, de l’association Notre Affaire à Tous, a de son côté ouvert le débat sur la reconnaissance juridique des droits de la nature, proposant d’accorder aux glaciers un statut de sujet de droit, à l’image de certains fleuves et écosystèmes dans d'autres pays. 

Conclusion : un projet de sciences-actions à fort impact sociétal 

Comme l’a souligné Jean-Christophe Clément, porteur du projet ERABLE : 

« Ce projet de sciences-actions vise à contribuer à des transformations sociétales concrètes en nourrissant le débat entre science et société. » 

Le festival « Agir pour les glaciers » a pleinement rempli cette ambition : faire dialoguer savoirs scientifiques, dynamiques territoriales et engagements politiques, dans une démarche sensible, collective et tournée vers l’avenir. Une première édition réussie, qui pourrait bien devenir un rendez-vous régulier au service de la résilience des territoires de montagne.