Penser les bifurcations contemporaines à partir du travail réel et du dialogue social : la Chaire O2
Face à l’essoufflement de nos modèles économiques et sociaux, à l’urgence de respecter les limites planétaires, et à l’avènement de l’IA, les organisations peuvent-elles encore se contenter d’adaptations cosmétiques, à la marge ? Trop d’initiatives, bien qu’affichant une volonté de transition, se limitent à des ajustements de surface : elles outillent, forment, réorganisent, mais sans interroger les finalités du travail ni les attachements qui conditionnent leur trajectoire.
Ces transformations superficielles — souvent dictées par des indicateurs, des feuilles de route… — créent une dissonance croissante entre les discours et les réalités vécues au travail. Elles manquent surtout l’occasion de transformer en profondeur : à partir de ce que les salariées vivent, inventent, supportent et expérimentent.
C’est ce que la Chaire 02 choisit de prendre à bras-le-corps. Née dans la continuité de la chaire IOPEN, elle porte une ambition claire : faire du travail réel et du dialogue social non pas seulement des objets de transformation des organisations, mais ses conditions structurantes.
La Chaire 02 souhaite ainsi explorer les collectifs de travail en mouvement, qui tentent d’expérimenter des formes concrètes de bifurcation et de redirection à partir de leurs situations réelles et situées, mais qui se heurtent aux tensions organisationnelles héritées, qu’elles soient économiques, culturelles ou historiques. La chaire 02 vise ainsi à explorer de nouvelles modalités de transformation et d’ouverture : ce ne sont pas tant les acteurs désignés qui comptent (RH ou RSE...), que les manières de faire, les temporalités choisies, et la capacité collective à interroger le jusqu’où l’on peut — et veut — transformer.
C’est dans cette perspective que le dialogue social devient un véritable espace organisant: un lieu vivant d’apprentissage collectif, où l’organisation apprend à se transformer en marchant. Il permet de prendre soin des personnes, des métiers, et des milieux de vie — humains et plus qu’humains —, en accueillant les tensions, les paradoxes et les conflits comme autant de ressources pour imaginer des bifurcations désirables, justes et soutenables (économiquement, socialement et écologiquement).
La Chaire 02 s’inscrit dans une logique d’intérêt général, avec une ambition d’essaimage national. Elle s’ancre pleinement dans le cadre récent de la loi Climat et Résilience (août 2021). Elle cherche à produire des outils, des enseignements et des démarches transférables. Enfin, elle invite à un changement de regard :
Sur soi (nos paradoxes, nos attachements) ;
Sur les autres (voir dans les milieux de vie des ressources et non des menaces)
Et sur le monde (réapprendre à atterrir dans ses limites, et à faire croître la robustesse collective).
